Dans le langage courant, on dit qu’une personne a le cancer. Il serait plus juste de dire qu’elle a un cancer. Le cancer n’est pas une maladie unique, c’est une grande famille de maladies aux multiples visages, bien qu’au niveau cellulaire elles aient toutes un lien de parenté. Ce lien de parenté est la capacité de toutes les cellules cancéreuses de proliférer de façon anarchique : ces cellules ne savent plus mourir, et ne cessent pas de se diviser, et donc de se multiplier. Cette multiplicité de visages est la marque de la profonde complexité de cette pathologie que des centaines de chercheurs s’évertuent à comprendre pour mieux la traiter.
À l’heure actuelle, on s’attache à comprendre le cancer à travers la génétique. On affirme que le cancer est le résultat de mutations génétiques qui activent les oncogènes (gènes susceptibles de rendre une cellule cancéreuse), et inhibent l’activité des gènes suppresseurs des tumeurs. Après le décryptage du génome humain, on s’est attaqué au séquençage du génome du cancer qui n’a fait que confirmer cette réalité : des échantillons de cancer du sein d’apparence identique, par exemple, peuvent présenter entre 50 et 80 différentes mutations génétiques, et Bert Vogelstein signale un échantillon de cancer du sein prélevé sur une femme de 43 ans qui présentait 127 mutations génétiques.
Le XXe siècle s’est acharné à étudier le cancer à travers la réalité des virus cancérogènes (première moitié du siècle) et des mutations génétiques (deuxième moitié du siècle), les déclarant tour à tour seules causes du cancer. La chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, d’abord radicales, puis peu à peu mieux dosées, ont été les armes employées mais, souvent, avec peu ou pas de réel succès. On a alors compris que le résultat de ces thérapies ne serait pas une guérison, mais une rémission allant de quelques semaines à quelques années. On ne pouvait pas éliminer la mort. On devait se contenter de prolonger la vie.
Au XXIe siècle, on semble vouloir dépasser la génétique et se pencher sur le rôle du microenvironnement dans lequel évoluent les cellules; sur la réalité de l’épigénétique dont nous parlerons le mois prochain; sur la relation entre la biologie du cancer et la cellule souche qui a le potentiel de régénérer les tissus. Il s’agit là d’un domaine complexe qui fait appel à la génétique et au microenvironnement.
En Amérique du Nord et en Europe, les statistiques sur le cancer ont maintenant glissé inexorablement vers le chiffre bouleversant d’une personne sur deux risquant d’en être affectée au cours de sa vie. Pragmatiques, pessimistes diront certains, des médecins considèrent que le cancer est devenu une réalité inévitable, et que « la question qui se pose n’est plus de savoir si nous aurons le cancer mais quand ».
Le domaine de la biologie du cancer, sentant l’urgence d’agir, met en avant le rôle du système immunitaire dans certains cancers. La réalité de quelques rares rémissions spontanées de mélanome malin sans aucun traitement fait penser que le système immunitaire a attaqué la tumeur. Les immunologistes savent que la réactivation d’un système immunitaire déficient peut être bénéfique dans certains cancers.
En 2007, on se penche sur le métabolisme des cellules cancéreuses, et on se rappelle les travaux d’Otto Warburg en 1923. Il avait étudié la respiration cellulaire des cellules normales et cancéreuses. Ces dernières, contrairement aux premières, produisaient de l’énergie en dégradant le glucose sans utiliser d’oxygène. Cet effet, appelé « effet Warburg », entraîne une consommation accrue de glucose par les tumeurs et une réduction de l’activité des mitochondries, les usines énergétiques de la cellule responsables de la respiration cellulaire normale. Or les mitochondries sont indispensables au déclenchement de la mort programmée des cellules, ce qui expliquerait la manifeste immortalité des cellules cancéreuses. Une équipe de l’Université de l’Alberta au Canada a réussi à corriger cette anomalie du métabolisme des cellules cancéreuses grâce à une molécule simple et peu toxique, le dichloroacétate, qui provoque la mort massive des cellules cancéreuses in vitro.
En 2012 Mina Bissell, une chercheuse californienne, affirme que ce qui favorise le développement des tumeurs, sans nier le rôle des mutations dans certains gènes particuliers, est le microenvironnement dans lequel baignent les cellules. Pour elle, améliorer les conditions de vie des cellules suffirait à traiter la maladie. Le microenvironnement est ainsi plus fondamental que les mutations dans le développement des cancers.
On parle aussi de prévention… On a identifié de nombreux et puissants carcinogènes qui affectent d’importantes populations humaines, les plus immédiats étant l’alcool et le tabac. On avance que de vigoureuses campagnes internationales anti-alcool et anti-tabac pourraient prévenir des centaines de milliers de cas de cancers divers. Le cancer du col de l’utérus, causé par le virus du papillome humain transmis sexuellement, pourrait être éradiqué grâce à une éducation sexuelle honnête, ainsi que le cancer du foie, causé par les virus de l’hépatite B et C, eux aussi transmis sexuellement. Et puis, on parle de carence en fibres, de régimes trop riches en gras, d’obésité, facteurs tous clairement reliés à certains cancers, dont les cancers du côlon et du sein.
Alors que faire ? Un éminent oncologue, le Dr Siddharta Mukherjee, parle de la nécessité de trouver un nouveau modèle de prévention du cancer caractérisé en premier lieu par l’évitement de toutes les toxines connues. Je vous invite à la lecture soignée du livre Mon petit docteur afin de découvrir la capacité phénoménale de détoxication du charbon végétal activé : produits chimiques, métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, nickel, cobalt), phénols, médicaments, gaz toxiques, nicotine, morphine, héroïne, cocaïne, virus, bactéries, toxines bactériennes, hormones, insecticides, désherbants, solvants industriels, aflatoxines, congénères dans l’alcool, radon, iode radioactif, fluorures, benzène, fongicides, ammoniaque, arsenic, gaz à effet de serre, tous sont adsorbés efficacement par le charbon, le dépolluant universel du corps, de l’air, de l’eau, des sols.
Un système immunitaire fort, grâce à l’application des lois de la vie1, un microenvironnement sain, grâce à l’usage judicieux du charbon végétal activé2, permettraient une prévention primaire, secondaire et tertiaire enviable. Possédant les qualités pour minimiser les mutations génétiques et éviter le dérèglement du métabolisme cellulaire, ces pratiques simples pourraient être à la base de ce nouveau modèle de prévention du cancer, modèle auquel aspirent actuellement non seulement les individus mais de nombreux organismes comme, entre autres, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union internationale contre le cancer (UICC), ainsi que les gouvernements français, canadien et américain, tous ardemment engagés dans une lutte mondiale contre le cancer.
Danièle Starenkyj©2014
- Starenkyj Danièle, La santé totale, Orion, 2009.
- Starenkyj Danièle, Mon petit docteur, Orion, 2012.