Une maladie unique et fascinante, la carence en Vitamine B12

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Au début du 20e siècle, l’anémie pernicieuse causait plus de 10 000 morts par an aux États-Unis. En 1934, deux médecins (Minot et Murphy) recevaient le prix Nobel pour avoir réussi à corriger l’anémie de leurs patients, en leur faisant manger de 500 gr à 1 kg de foie de bœuf cru par jour. Il a fallu attendre des décennies de recherche pour établir que la vitamine B12 (également connue sous le nom de cobalamine) était le composé thérapeutique important qui permettait de guérir ces patients.

La Vitamine B12, une vitamine hors du commun

La vitamine B12 (cobalamine) est une vitamine hydrosoluble qui provient des produits animaux (viande, produits laitiers, œufs) mais aussi de certains produits végétaux (racinages, algues, légumes lactofermentés, champignons sauvages séchés, champignons de Paris, levure nutritionnelle).

La vitamine B12 pour être active a besoin d’un transporteur appelé FACTEUR INTRINSÈQUE, une glycoprotéine qui se lie dans l’intestin à la vitamine B12 et permet ainsi son absorption au niveau de l’iléon (troisième partie de l’intestin grêle juste avant le gros intestin). Ce facteur intrinsèque est produit par les cellules pariétales de l’estomac (celles qui sécrètent l’acide chlorhydrique) et il est définitivement indispensable à l’absorption de la B12 dans l’iléon terminal.

Une fois absorbée, la B12 est utilisée comme cofacteur pour les enzymes qui participent à la synthèse de l’ADN, des acides gras et de la myéline (substance lipidique et protéique formant une gaine autour de certaines fibres nerveuses et servant à accélérer la conduction des messages nerveux). Le défaut de synthèse et de réparation de la myéline provoque une atteinte du système nerveux qui peut produire des troubles cognitifs et des psychoses. Une carence en B12 peut donc entraîner des symptômes hématologiques, neurologiques et psychiatriques.

Les nombreuses causes de la carence en Vitamine B12

→ Les causes congénitales sont rares et résultent de mutations génétiques dans les gènes codant pour les protéines impliquées dans l’absorption, le transport et le traitement intracellulaire de la B12. → Les causes acquises de la carence en B12 peuvent être :

1) alimentaires, en particulier chez les populations végétariennes, végétaliennes qui n’ont pas accès à des produits végétaux fortifiés en B12, les personnes à la ration alimentaire insuffisante (pauvreté, famine), les personnes âgées qui mangent peu ;

2) auto-immunes, c’est le cas de l’anémie pernicieuse, où il y a une destruction des cellules pariétales productrices du facteur intrinsèque, cette destruction étant médiée par des auto-anticorps ;

3) iatrogènes secondaires à la perturbation du statut acido-basique de l’estomac (par ex., avec la prise d’inhibiteurs de la pompe à protons (ANTI-ACIDES) ou chez les personnes traitées avec de la METFORMINE (diabète, syndrome des ovaires polykystiques).

Voir plus bas la liste des médicaments et substances iatrogènes causant une déficience en vitamine B12 ;

4) causées par un dysfonctionnement de l’iléon terminal : maladies inflammatoires de l’intestin, maladie cœliaque, maladie de Crohn, bypass gastrique (chirurgie bariatrique) ou résection chirurgicale ;

5) infectieuses : le ténia Diphyllobothrium latum, un ver des poissons d’eau douce consommés crus, provoque une carence en vitamine B12.

Une carence difficile à diagnostiquer

Quelle que soit la cause, le diagnostic de la carence en B12 est complexe et peut se présenter à tout âge avec un large éventail de symptômes faciles à confondre avec d’autres problèmes.

→ Les caractéristiques cliniques de l’affection comprennent celles liées à l’anémie : pâleur, faiblesse, fatigue, parfois jaunisse, insuffisance cardiaque → les symptômes gastro-intestinaux : douleurs épigastriques, diarrhées et glossite (inflammation de la langue) 

→ les symptômes neurologiques : engourdissement et picotement des extrémités, perte de l’équilibre, difficulté à marcher suite au trouble de la coordination des mouvements, chute, altération de la proprioception (la capacité d’une personne à percevoir sans avoir recours à la vue), dégénérescence combinée subaiguë de la moelle épinière, retard de développement grave, épilepsie, coma, démences (Alzheimer, démence à corps de Levy)

→ des troubles psychiatriques (anxiété, dépression, troubles obsessionnels compulsifs, schizophrénie) 

→ des anomalies du tube neural chez le nouveau-né d’une mère déficiente en vitamine B12 pendant sa grossesse, retard de croissance chez le bébé allaité par une mère déficiente en vitamine B12.

→ Le métabolisme et la carence en B12 sont étroitement liés à l’acide folique, une autre vitamine B. En présence d’une déficience en vitamine B12, l’excès en acide folique aggrave cette déficience.

→ Le métabolisme et la carence en B12 sont étroitement liés à l’acide folique, une autre vitamine B. En présence d’une déficience en vitamine B12, l’excès en acide folique aggrave cette déficience.

Comment traiter une carence en B12 ?

→ Il faut noter que le taux sérique de B12 peut se situer dans la fourchette de référence même en cas de carence grave en B12. Et d’autre part des taux de B12 élevés peuvent ne pas suggérer un traitement suffisant, en particulier dans le contexte de symptômes persistants.

→ Un taux sérique de B12 supérieur à 300 pg/mL est interprété comme normal. Les patients dont les taux de B12 se situent entre 200 et 300 pg/mL sont considérés comme limites. Les patients dont le taux de B12 est inférieur à 200 pg/mL sont considérés comme déficients.

→ Les principaux systèmes organiques touchés sont le sang, la moelle osseuse et le système nerveux.

La carence peut être traitée de plusieurs manières :

• B12 par voie orale

La voie orale pour le remplacement de la B12 jouit d’une popularité croissante. Elle s’est avérée être le mode de traitement préféré dans de nombreux pays, dont la Suède, la Norvège et le Canada.

• B12 par voie sublinguale

La voie sublinguale peut également être envisagée pour le traitement de substitution en cas de carence en B12. Avec l’administration sublinguale, le processus complexe d’absorption de la B12 peut être contourné et la B12 peut atteindre directement la circulation sanguine via les veines sublinguales.

• B12 par voie intranasale

Comme pour la B12 sublinguale, la B12 intranasale peut également contourner le processus complexe d’absorption de la B12 et atteindre directement la circulation sanguine.

• B12 par voie sous-cutanée

La B12 sous-cutanée est utilisée occasionnellement, en particulier chez les patients présentant des erreurs innées du métabolisme de la cobalamine, et qui ont besoin de doses pharmacologiques élevées de B12 pour maintenir dans les limites de la normale leurs voies métaboliques dépendantes de la B12 et la biochimie associée.

• Historiquement, ce sont les injections intramusculaires qui ont été proposées et qui ont sauvé des vies. Les administrations sublinguales, intranasales et sous-cutanées sont plus conviviales pour le patient que les injections intramusculaires douloureuses. Ceci est particulièrement vrai pour les enfants traités en pédiatrie.

La carence en Vitamine B12 chez les jeunes enfants

La carence en vitamine B12 dans la petite enfance est une cause importante de retard et de régression du développement neurologique. La plupart de ces cas se produisent chez des nourrissons exclusivement nourris au sein par des mères carencées. Les symptômes et les signes de la carence en vitamine B12 apparaissent entre l’âge de 2 et 12 mois et comprennent des vomissements, une léthargie, un retard de croissance, une hypotonie (baisse du tonus musculaire) et un arrêt ou une régression des capacités de développement. Environ la moitié de ces cas présentent des mouvements anormaux, diversement décrits comme des tremblements, des secousses, une chorée (mouvements involontaires) ou une myoclonie (contractions rapides et brutales d’un muscle ou d’un groupe de muscles).

Le diagnostic et le traitement précoces de la carence en vitamine B12 sont cruciaux pour éviter une atteinte neurologique importante et un pronostic à long terme. Le traitement par la vitamine B12 corrige très rapidement (en quelques jours) ces anomalies métaboliques. Non corrigée, cette carence chez l’enfant peut déboucher sur des troubles du spectre autistique, une déficience intellectuelle, une atrophie cérébrale.

Chez les adultes, on peut rencontrer une insuffisance cardiaque due à l’anémie, des déficits neurologiques graves et invalidants, le risque d’un cancer gastrique, le risque de développer une maladie auto-immune comme le diabète de type 1, la myasthénie grave, la maladie de Hashimoto (inflammation chronique auto-immune de la thyroïde) ou la polyarthrite.

Médicaments à l’origine d’une carence en iatrogène en Vitamine B12

  • Acide valproïque – anticonvulsivant utilisé pour la prévention des migraines
  • Cholestyramine – utilisé pour réduire les taux élevés de cholestérol dans le sang
  • Clofibrate – hypolipidémiant
  • Cimétidine – utilisé pour traiter et prévenir les ulcères d’estomac
  • Colchicine – utilisé pour prévenir ou traiter les crises de goutte
  • Co-trimoxazole – deux antibiotiques utilisés pour prévenir ou traiter la pneumonie à Pneumocystis carinii
  • Déméclocycline- un antibiotique utilisé pour traiter les infections bactériennes
  • Famotidine- un bloqueur d’histamine utilisé pour traiter et prévenir les ulcères
  • Fluoroquinolones – antimicrobiens utilisés pour tuer les bactéries dans la pneumonie, les infections des voies urinaires et la diarrhée
  • Lansoprazole – utilisé pour prévenir les ulcères d’estomac et pour traiter d’autres conditions dans lesquelles l’estomac produit trop d’acide
  • Macrolides – antibiotiques utilisés pour traiter un large éventail d’infections bactériennes
  • Metformine – médicament pour le diabète de type 2, reconnu officiellement pour provoquer une carence en vitamine B12
  • Méthyldopa – antihypertenseur
  • Minocycline- antibiotique utilisé pour aider à traiter les maladies parodontales, l’acné et l’arthrite inflammatoire
  • Néomycine – antibiotique, antibactérien utilisé par voie topique pour traiter les infections cutanées, les plaies et les brûlures
  • Nizatidine – utilisé pour traiter et prévenir les ulcères d’estomac, les ulcères intestinaux et le reflux acide
  • Oméprazole – utilisé pour le reflux gastro-œsophagien
  • Contraceptifs oraux – les contraceptifs oraux à forte teneur en œstrogènes entraînent une diminution des taux de vitamine B12
  • Phénobarbital – anticonvulsivant qui entraîne une diminution des taux de vitamine B6 et de vitamine B12, ainsi qu’une augmentation des taux d’homocystéine (ces derniers peuvent endommager la paroi des artères et faire en sorte que les caillots de sang se forment plus facilement qu’ils ne le devraient)
  • Phénytoïne – médicament antiépileptique
  • Chlorure de potassium – utilisé pour la déshydratation, dangereux sous sa forme concentrée
  • Ranitidine – médicament contre les brûlures d’estomac utilisé pour supprimer la production d’acides gastriques nécessaires à la digestion de la vitamine B12
  • Sulfonamides – antibiotiques utilisés pour traiter un large éventail d’infections bactériennes
  • Tétracyclines – antibiotiques prescrits pour l’acné
  • Triméthoprime- utilisé pour traiter les infections des voies urinaires, la pneumonie et la « diarrhée du voyageur »

Impossible de passer sous silence ces drogues sociales

L’ALCOOL affaiblit le facteur intrinsèque et rend l’estomac et les intestins des consommateurs de plus en plus inaptes à l’absorption de la vitamine B12. Dans ces cas, seule la vitamine B12 en injections peut être utile.

La fumée de TABAC contient 1500 ppm de cyanure. (La fumée de CANNABIS en contient 3 à 5 fois plus.) Plusieurs études ont démontré que les fumeurs ont des taux de vitamine B12 dans leur sang qui sont moins élevés que les non-fumeurs. Les végétariens qui sont fumeurs sont doublement à risque. Les femmes enceintes qui fument présentent un risque élevé aussi car la grossesse augmente le besoin en vitamine B12.

LE GAZ HILARANT OU OXYDE NITREUX employé avec très peu d’oxygène est une « nouvelle » drogue récréative qui gagne en popularité. Elle a des effets euphorisants et elle ne donne pas « mal aux cheveux ».

Cependant, ce gaz crée une condition irréversible dans laquelle la vitamine B12 ne peut plus être utilisée et cela en dépit d’un apport oral adéquat et d’une absorption adéquate. Il cause une dégénérescence subaiguë du cordon médullaire – une sclérose combinée de la moelle — dont les premiers symptômes sont : l’engourdissement des doigts et des orteils, la faiblesse musculaire, le manque de coordination motrice, la difficulté à marcher, et dans certains cas, l’impuissance masculine et la perte de la maîtrise de la vessie.

LE SUCRE visible et caché peut contribuer à une carence en vitamine B12. Il a un effet négatif sur toutes les vitamines B et sur le calcium, essentiels à l’absorption de la vitamine B12.

Que dire de plus ?

Des médecins élèvent leur voix pour déclarer que la carence en B12, quelle que soit sa cause, constitue actuellement une crise de santé publique que trop de thérapeutes, de malades et de bien-portants ignorent pour en souffrir inutilement et douloureusement. Savoir comment prévenir la carence en vitamine B12 C’EST POUVOIR AGIR.

Pour aller plus loin…

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© 2023 Danièle Starenkyj

SOURCES

* Ammara Nawaz et coll., Deficiency of vitamin B12 and its relation with neurological disorders: a critical review, The Journal of Basic and Applied Zoolog, 2020. * Ramyia Elangovan et coll, Inherited and acquired vitamin B12 deficiencies: Which administration route to choose for supplementation? Front Pharmacol 2022. *Jiwoon Kim et coll., Association between metformin dose and vitamin B12 deficiency in patients with type 2 diabetes, Medicine (Baltimore), 2019. *Abm Kamrul-Hasan et coll., Comparison of Serum Vitamin B12 Levels Among Drug-Naïve and Metformin-Treated Patients With Polycystic Ovary Syndrome, Cureus, 2022. *Agata Sobczyńska-Malefora et coll., Vitamin B12 status in health and disease: a critical review. Diagnosis of deficiency and insufficiency – clinical and laboratory pitfalls, Crit Rev Clin Lab Sci, 2021. *Ralph Green et coll, Vitamin B12 deficiency, Vitam Horm, 2022.

*Ralph Green et coll, Vitamin B12 deficiency, Vitam Horm, 2022. *Brahim El Hasbaoui et coll., Vitamin B12 deficiency: case report and review of literature, Pan Afr Med J, 2021. *Bruce H R Wolffenbuttel et coll., The Many Faces of Cobalamin (Vitamin B12) Deficiency, Mayo Clin Proc Innov Qual Outcomes, 2019. *Alex Ankar et coll., Vitamin B12 Deficiency, STATPEARLS, 2022. *Sally M. Pacholok et Jeffrey J. Stuart, Could It Be B12?: An Epidemic of Misdiagnoses, Quill Driver Books, 2011. *Sally M. Pacholok et Jeffrey J. Stuart, What’s Wrong with My Child?: From Neurological and Developmental Disabilities to Autism… How to Protect Your Child from B12 Deficiency, 2015.

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